La sélection surprise de la Côte d’Ivoire pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se tiendra du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc, a laissé plusieurs observateurs stupéfaits, notamment en raison de l’absence remarquée de Nicolas Pépé. L’attaquant de Villarreal, pourtant performant sur le terrain, fait les frais d’une double peine liée à une récente vidéo YouTube et à des déclarations controversées.

Une vidéo virale à l’origine d’une controverse

Le 5 décembre 2025, Nicolas Pépé s’est prêté au jeu d’un documentaire réalisé par le créateur de contenu Just Riadh, intitulé « J’ai passé 72 heures dans la vie de Nicolas Pépé ». Cette vidéo, qui cumule plus de 700 000 vues, a toutefois déclenché une vague d’insultes racistes et de critiques. Au cours de discussions décontractées, le joueur ivoirien a tenu des propos moqueurs à l’encontre des Marocains, notamment en évoquant leur palmarès historique à la CAN : « Attention les Marocains. Ils ont combien d’étoiles ? Ils n’en ont plus gagnées depuis 1818. Même mon daron n’était pas né. »

Des propos qui coûtent cher à Pépé

Si ces paroles ont suscité un tollé, ce n’est pas le seul facteur expliquant l’absence de Pépé de la sélection ivoirienne. Le sélectionneur Émerse Faé a confirmé que la décision n’était pas une sanction sportive, mais qu’elle résultait d’une analyse globale tenant compte du comportement du joueur, notamment en dehors du terrain. Plusieurs interventions médiatiques jugées maladroites de l’attaquant ont pesé dans ce choix, en plus de son indisponibilité lors du précédent rassemblement.

La Fédération ivoirienne condamne le racisme et soutient son joueur

Dans un communiqué officiel, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) a fermement condamné les insultes racistes visant Nicolas Pépé et a salué ses excuses, vues comme un geste d’apaisement. L’attaquant avait notamment évoqué la question délicate des joueurs binationaux et des choix tardifs de sélection, déclarant : « Si un joueur choisit la France puis une sélection africaine, il est automatiquement mis de côté. Ça veut dire que la Côte d’Ivoire est sa seconde option. »

Un regard critique sur les parcours binationaux

Ces propos, bien que reflétant son opinion personnelle, ont été mal reçus en Côte d’Ivoire. Pépé a cité l’exemple d’Alban Lafont, gardien franco-burkinabé devenu international ivoirien en 2025, pour illustrer ses doutes sur l’appartenance réelle de certains joueurs. Malgré une tentative d’alléger la conversation par l’humour, le mal était fait, renforçant le choix du sélectionneur.

Une double peine pour un joueur dans la tourmente

Conscient de la gravité de la situation, Nicolas Pépé a exprimé son ressenti sur Instagram : « Double peine pour moi. C’est le football, c’est la vie. » Il a remercié son club Villarreal, la Liga et tous ceux qui lui ont apporté soutien face à cette crise mêlant harcèlement et racisme.

Sa sœur Corinne a également pris la parole, déplorant que l’affaire ait dégénéré après une vidéo qu’il avait réalisée en toute décontraction. Pour elle, malgré ses excuses, Nicolas reste la victime dans cette affaire.

Le soutien de Didier Drogba et des proches

Parmi les soutiens publics, Didier Drogba, légende du football ivoirien, a adressé un message d’encouragement à l’ancien joueur d’Arsenal via les réseaux sociaux : « X m’a demandé quoi de neuf, j’ai voulu écrire : rien de nouveau. Force à toi fils. » Ce soutien moral est précieux pour Pépé, même s’il ne pourra pas participer à sa cinquième CAN, un coup dur pour le Franco-Ivoirien, véritable icône née en France.

Un tournant pour la carrière internationale de Pépé

Cette exclusion inattendue pourrait marquer un tournant dans la carrière internationale de Nicolas Pépé. Alors que la Côte d’Ivoire mise sur un équilibre entre performances sportives et image, les joueurs sont désormais invités à mesurer l’ensemble de leurs prises de parole, sous peine de compromettre leur place en sélection.

En attendant, le débat autour de la liberté d’expression des sportifs de haut niveau et de leurs responsabilités publiques continue de faire rage, illustré par ce cas emblématique.