Le mercure grimpe, mais notre appétit et notre niveau d’énergie dégringolent. Si le soleil fait du bien au moral, notre organisme a du mal à conjuguer avec la chaleur et le coup de chaud est parfois vite arrivé. Mais alors, que se passe-t-il dans le corps quand le soleil nous monte à la tête ?
Maux de tête, faiblesse, perte d’appétit, difficultés à dormir… Les effets de la chaleur sur le corps sont dérangeants, mais bien connus de la période estivale. Seulement, quand les températures grimpent (trop) haut, notre organisme passe en « mode survie » et des changements physiques et psychiques se font ressentir.
Et quand la température est impossible à réguler, alors, c’est le coup de chaud.
Mais que se passe-t-il réellement dans le corps quand on en est victime ? Dr Pascale Ogrizek médecin généraliste, nous éclaire.
Le système de régulation de la chaleur ou le thermostat du corps
Quand on parle température et corps, le premier concept qui nous vient en tête est la régulation. Car notre organisme est bien fait, il sait compenser, qu’il fasse trop froid ou trop chaud.
« La régulation, c’est un peu le thermostat du corps. On peut dire que son bouton se trouve dans notre cerveau plus précisément dans l’hypothalamus. C’est la centrale qui régule constamment la température interne pour ne pas qu’elle monte trop haut – généralement au delà des 41 degrés – sans que des effets sur les organes puissent être observés. Bien sûr, c’est la même chose face au froid », vulgarise Dr Ogrizek.
Mais quand le thermostat ne fonctionne pas, d’autres « systèmes de secours » sont disponibles. « Quand la régulation a du mal à se faire, alors c’est le débit sanguin qui va s’accélérer, provoquant une vasodilatation par les extrémités pour évacuer la chaleur interne, mais aussi une augmentation de la fréquence cardiaque. Bien sûr, il y a aussi la sudation », complète la spécialiste.
Fatigue, jambes gonflées, perte d’appétit : les signes qui montrent que le corps entre en alerte
En essayant de compenser, le corps se met alors « en alerte ». Réguler sa température devient sa seule priorité.
« Cela coûte beaucoup au corps de se réguler en période de fortes chaleurs, surtout quand l’épisode est long. Et quand le thermostat est débordé, tous les organes sont touchés », alerte la médecin.
C’est à ce moment-là que les effets sur le corps se font ressentir : transpiration excessive, œdèmes, digestion ralentie, fatigue et sommeil difficile… La liste est longue.
Mais parfois, la chaleur est telle que même en alerte, l’organisme ne peut plus gérer. « C’est le coup de chaud ou médicalement parlant l’hyperthermie. Généralement à ce moment-là, le corps dépasse les 40 degrés, soit trois degrés de plus que sa température habituelle », continue-t-elle.
« Les coups de chaud restent très rares et encore plus depuis la canicule de 2003 où beaucoup de choses ont été mises en place en prévention. Néanmoins, il faut aussi rappeler qu’il peut provoquer des lésions cérébrales importantes ou être mortel en l’absence d’un traitement rapide », martèle Dr Ogrizek.
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Commandez MaintenantPour elle, les symptômes du coup de chaud sont différents de ceux de la « chaleur lambda », même s’il convient de questionner le contexte pour mesurer l’urgence. La personne est-elle exposée au soleil depuis longtemps ? Sans protection ? Sans hydratation ?
« On est normalement face à quelqu’un qui transpire beaucoup. Attention parfois dans l’eau ça ne se voit pas, mais le coup de chaud aquatique est l’un des plus fréquents. D’une part, parce que les gens pensent qu’immergés ils ne risquent rien et d’autre part, parce que l’eau réfléchie les UV », souligne la spécialiste, avant d’ajouter à la liste une peau sèche, des nausées et des maux de tête, ainsi que des troubles de la conscience (vertiges, délires…).
Gare aussi au coup de chaleur lié à l’exercice. « On peut faire du sport quand il fait chaud, mais mieux vaut ne pas faire de gros efforts pour ne pas donner encore plus de travail à l’organisme », conseille-t-elle.
Prendre en charge un coup de chaud
Si vous êtes face à une personne qui semble être victime d’un coup de chaud, la médecin généraliste prodigue quelques conseils à appliquer avant d’appeler les secours (si l’urgence n’est pas vitale). « Il faut être réactif, parce qu’au-delà de 45 minutes de non prise en charge, les lésions peuvent être irréversibles », appuie-t-elle.
« Il faut alors mettre la personne à l’ombre ou au frais, la déshabiller et lui faire boire de l’eau, tout en l’aspergeant doucement ».
Attention là aussi, on utilise de l’eau tempérée et non pas glacée, car les risques d’hydrocution sont démultipliés. « Ne surtout pas plonger le malade dans une baignoire, sinon on risque l’hydrocution, à cause de la vasoconstriction qui peut créer un choc cardiaque ».
Si l’état de la personne ne s’améliore pas, alors, il faut prévenir les urgences. « La personne peut être en hyperthermie centrale et son cerveau peut être en souffrance, ce qui crée des délires et parfois même des comas », alerte Dr Ogrizek qui précise que des séquelles neurologiques peuvent « se garder » d’un coup de chaud (vertiges persistants, troubles sensoriels…).
D’où l’importance de suivre à la lettre les recommandations des professionnels de santé. « Déjà, il faut boire, par petites gorgées régulières. Si l’on attend d’avoir soif, alors il est déjà trop tard », argue la spécialiste.
Et si vous voulez savoir si vous êtes en déshydratation, le test est simple : pincez-vous la peau. Si le pli cutané persiste, alors, vous êtes déshydraté.
« Évitez les heures trop chaudes, protégez-vous la tête et préférez les endroits aérés, qui permettront à la régulation de mieux se faire. Aussi, n’omettez pas de manger. Même si vous n’avez pas faim, privilégiez les petites portions et les aliments fraîcheur pour ne pas encombrer votre système digestif », recommande-t-elle.
Enfin, si vous sentez le coup de chaud arriver, rafraichissez-vous en vous passant de l’eau autour du cou, sous les aisselles et au niveau du pli de l’aine. « Ce sont des endroits stratégiques où il y a beaucoup de vaisseaux sanguins », explicite Dr Ogrizek .