Au cœur des débats diplomatiques en Afrique centrale, le Nigéria de Bola Tinubu ne reconnaît toujours pas Paul Biya comme président réélu du Cameroun. Contrairement à de nombreux États africains qui félicitent rapidement le chef de l’État camerounais, Abuja garde le silence sur le scrutin ayant conduit Paul Biya à un huitième mandat.

L’élection présidentielle camerounaise, remportée selon le Conseil constitutionnel par Paul Biya face à Issa Tchiroma Bakary, continue de susciter des contestations. L’opposant revendique en effet la victoire et dénonce un processus électoral biaisé, une position rejetée par les institutions officielles de Yaoundé. Malgré cette validation juridique interne, le Nigéria s’abstient pour l’heure de toute reconnaissance formelle.

Lire aussi : Riyad Mahrez : Un parcours exceptionnel dans le monde du football

Ce silence diplomatique est interprété à Yaoundé comme un désaveu, d’autant que la majorité des pays africains ont déjà adressé leurs félicitations à Paul Biya, saluant une « brillante élection ». Les autorités camerounaises multiplient les démarches, mais les relances auprès d’Abuja restent sans réponse officielle.

Du côté nigérian, cette attitude semble relever d’un choix de principe. Le Nigéria adopte récemment une posture ferme contre les changements anticonstitutionnels de pouvoir, comme en témoigne son intervention militaire au Bénin lors de la tentative de coup d’État avortée. Abuja apporte alors un soutien décisif au régime de Patrice Talon, aux côtés des forces françaises, afin de préserver l’ordre constitutionnel.

Reconnaître la victoire de Paul Biya dans un contexte électoral controversé pourrait ainsi placer le Nigéria dans une position jugée contradictoire avec cette ligne politique. Cette cohérence diplomatique expliquerait, selon plusieurs observateurs, la prudence affichée par le président Bola Tinubu.

À 92 ans, Paul Biya, né le 13 février 1933 et au pouvoir depuis 1982, demeure le plus ancien chef d’État en exercice en Afrique. Tandis que son nouveau mandat débute officiellement au Cameroun, l’absence de reconnaissance nigériane continue d’alimenter les interrogations et les tensions diplomatiques dans la sous-région.